La ville de Tokyo a décidément une relation toute singulière avec les Jeux Olympiques (JO).
En 2013, lorsque le Comité International Olympique (CIO) attribue à Tokyo les JO de 2020, personne n’a jamais entendu parler de pangolin. Personne n’imagine que l’animal pourra, quelques années plus tard, être à l’origine de la plus grande pandémie mondiale de tous les temps ; que ladite pandémie bouleversera, à la vitesse d’un miler en passe de battre le record du monde, le comportement et les habitudes de plusieurs milliards de bipèdes humanoïdes à station verticale ; que, coup sur coup, la Guyane verra le Carnaval et le Marathon de l’Espace annulés ; que le masque chirurgical deviendra, au même titre que le string ou le k-way, un élément d’élégance incontournable ; et surtout que les JO, pour la première fois de leur longue histoire, seront décalés d’une année…pour se tenir à huis clos en 2021. Les pères fondateurs de l’olympisme doivent se retourner dans leur tombe.
Quelques décennies plus tôt, c’est en 1936 que le CIO avait accordé à Tokyo l’honneur d’organiser les JO de 1940. Juste après ceux de Berlin (de sinistre mémoire, qui n’étaient que l’apologie du régime nazi…rien que ça). L’Histoire a montré, qu’en l’occurrence, le CIO ne s’était pas montré très assidu sur le suivi de l’actualité politique internationale.
En 1937, le Japon, envahissant la Chine, renoncera à organiser ces JO qui, dès lors, seront confiés à Helsinki (Finlande). Puis la Seconde Guerre Mondiale empêchera ces JO de 1940 de se tenir. Les suivants n’auront lieu qu’en 1948 dans une ville de Londres d’après-guerre en plein renouveau.
Concrètement, il faudra attendre 1964 pour voir les JO reprendre la direction du Japon.
Si les JO de 1956 (Melbourne, Australie) furent les premiers à se tenir dans l’hémisphère sud, ceux de 1964 seront les premiers organisés sur le continent asiatique et cela a une importance autrement symbolique.
Les JO de Tokyo 1964 marque, en effet, dans l’histoire olympique, l’entrée massive de pays nouvellement indépendants. C’est notamment le cas du continent africain, en pleine décolonisation, représenté par 17 nations. Si pour beaucoup d’entre elles, il s’agit surtout de participer, certains athlètes annoncent déjà ce qui sera quatre ans plus tard l’explosion africaine (JO de Mexico, 1968). Tokyo 1964, c’est aussi la mise au ban de l’Afrique du Sud du giron olympique en raison de sa politique d’apartheid axée sur la discrimination raciale ; le retour de l’Afrique du Sud aux JO n’interviendra qu’en 1992. Et Tokyo 1964 est la dernière occasion pour les athlètes de fouler la cendrée ; place au tartan puis au synthétique dès 1968 et les JO mexicains.
Définitivement, les JO 1964 de Tokyo demeurent une étape olympique importante. Une fameuse marque d’équipements sportifs à trois bandes fêtera d’ailleurs l’évènement avec une paire de pointes entrées depuis dans la légende.
Paire de pointes Tokyo 1964. Collector !!!
57 ans plus tard, après 3 jours d’épreuves, les JO 2020/21 ont trouvé leur rythme de croisière. Après l’entrée en lice du triathlon le dimanche 25/07, celle de l’athlétisme est attendue pour le jeudi 29/07.
Quelque que soit les résultats, ces JO resteront certainement étiquetés comme les plus tristes de l’Histoire. Zéro public, contraintes sanitaires maximales et régime quasi-carcéral pour les participants. Bienvenue dans le monde d’après !
CITIUS, ALTIUS, FORTIUS !