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La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre, plus vite que si elle avait été colportée par David RUDISHA, le kenyan recordman du Monde du 800 m (1'40''91) : Alain MIMOUN, le coureur de fond français le plus célèbre de tous les temps, a tiré sa révérence ce jeudi 27/06/13 avec 92 bougies au compteur. Fais chier !
Difficile de retracer la carrière immense de ce champion hors du commun dont le patronyme est quasiment devenu, dans le langue française, un synonyme de l'expression "coureur à pied" et du terme "marathonien". C'est pas rien.
Et pourtant, toute cette histoire devenue légende débuta presque par hasard. Fils d'Oranie à une époque où l'Algérie se conjuguait encore avec l'adjectif française, le jeune Alain MIMOUN (né Ali MIMOUN OULD KACHA, le 01/01/21) découvrira la course à pied -et se fera déjà remarqué lors d'épreuves militaires- lorsqu'il sera appelé sous les drapeaux durant la Seconde Guerre Mondiale. Incorporé dans les unités de Tirailleurs Algériens, l'année 1943 le verra combattre contre l'Afrika Korps du Maréchal Rommel en Tunisie. En 1944, ce sera la campagne d'Italie et la terrible bataille de Monte Cassino où, blessé méchamment aux jambes, il manquera de se faire amputé. Ses supplications face à un médecin pas insensible à ses qualités pédestres lui sauveront certainement ses guibolles.
Ce petit miracle sera le ciment de son mental de fer et de sa motivation exacerbée.
Farouche et forcené d'entraînement, à un temps où les athlètes ne couraient que pour l'amour du sport et de l'effort gratuit, Alain MIMOUN, ne tardera pas, sur les ruines de 1939/45, à se faire un nom dans l'athlétisme. Dès 1948 et les JO de Londres, il obtient la médaille d'argent sur 10 000 m derrière le tchèque Emil ZATOPEK qui est aujourd'hui considéré comme le plus grand coureur de l'histoire de l'athlétisme. Rebelote en 1952 où les JO d'Helsinki le voient terminer second des 5 000 m et 10 000 m, à chaque fois derrière le même ZATOPEK qui s'offrira, en prime, lors des ces mêmes Jeux Olympiques, le luxe de remporter également le marathon (exploit unique dans l'histoire du sport).
On peut d'ailleurs légitimement se poser la question de savoir si ZAPOTEK aurait été ZATOPEK sans un adversaire de la trempe de MIMOUN et vice-versa.
La consécration suprême viendra pour Alain MIMOUN à l'occasion des JO de Melbourne de 1956 et la victoire sur le marathon, dans des conditions météos dantesques (36°, le feu tombait du ciel), avec un temps remarquable de 2 h 25'00''. Plutôt que de retracer cette course maintes fois contée par son principal acteur (comment cependant oublier ces 42,195 km sans boire une goutte d'eau à une époque où on considérait que les ravitaillos cisaillaient les jambes, la défaillance apocalyptique entre les km 30 et 35 puis la résurrection d'entre les morts et l'arrivée victorieuse en solitaire dans le stade Cricket Ground où l'ovation respectueuse du public lui fera l'effet d'une "bombe atomique"), il est intéressant de connaître l'état d'esprit qui animait ce petit bonhomme à quelques heures de ce qui reste encore l'un des plus grands exploits sportifs français.
A ce titre, la rencontre entre Michel JAZY (jeune athlète de 1 500 m alors âgé de 18 ans qui connaîtra son apogée dans les années 60, médaille d'argent aux JO de Rome en 1960 sur 1 500 m et multiple recordman du Monde) et Alain MIMOUN(affichant, lui, 36 ans à la pendule et déjà 3 médailles d'argent aux Jeux dans la besace) lors de ces JO de 1956 est édifiante. Le vieux MIMOUN, au zénith de sa forme, prend sous son aile et sa protection le jeune miler JAZY durant le séjour olympique à Melbourne. Le texte en pièces jointes, tirée mot pour mot de la biographie de Michel JAZY, vaut son pesant de sueur ! C'est un peu long mais cela mérite un petit effort de lecture !
Certains sportifs abrutis professionnels contemporains, dont le niveau de connerie n'a d'égal que la taille de leur compte en banque, feraient bien de s'en inspirer. Mais les valeurs du sport sont tellement loin de ces nazes-là que cela relève d'une douce utopie.... Qu'ils crèvent !!!!
Et pour finir, une dernière anecdote toute personnelle au sujet d'Alain MIMOUN.
C'était en septembre 80 ou 81 (j'ai la mémoire qui flanche, j'me souviens plus très bien...) et je participais à ma toute première course sur route. Les 20 km de Toulouse. Jeune, beau, véloce et élancé (rien que ça !), pistard et crossman averti, je ne savais pas trop ce qui m'attendait sur une distance qui me paraissait alors pharaonique mais j'étais sûr d'en prendre pour mes 10 balles d'inscription.
A la rue depuis le km 15, j'avais été pris en charge par un vieux senior d'à peine 30 ans qui s'était mis dans la tête de m'aider à boucler cette initiale balade sur l'asphalte. Sympa l'ancien! Et je m'accrochais comme un malheureux à ses baskets. Quand soudain, nous avons été passé par un petit coureur à la foulée régulière de trotte-menu. Alain MIMOUN en personne ! Putain de putain, à près de 60 balais, le vioc était en train de me mettre minable...Et je me souviens très bien de ce que mon compagnon d'infortune m'a alors dit entre 2 hoquets haletants mais avec un déférence absolue : "Regarde petit, ça, ce sont des jambes de champion olympique !!!". A peine le temps d'un dernier regard sur les jarrets noueux et Alain MIMOUN m'a définitivement déposé.
Je n'ai jamais su le nom du senior qui m'avait aidé à passer la ligne d'arrivée, j'ai complètement oublié le chrono que j'avais réalisé sur ce parcours dont je ne me souviens pratiquement plus mais je n'ai jamais zappé le moment où j'ai été passé par la légende Alain MIMOUN. J'avais 16 ans, toutes mes dents, et en me remémorant cet instant, je ne peux m'empêcher d'avoir des frissons et d'être tout émotionné.
Ciao Alain ! Au Paradis des Coureurs, tu vas retrouver ton vieux pote Emil ZATOPEK qui a dû trouver le temps long en t'attendant ! Bonne bourre les gars !
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