Dans une indifférence quasi-générale, c'est une vraie légende de la course à pied qui a quitté la piste le 12/12/19. Pas facile, de nos jours, de se faire une petite place dans les médias sportifs entre un match du Qatar-Saint-Germain, une galipette exagérée (et ridicule !) du brésilien Neymar ou une sextape de la paire Benzema/Valbuena...Dure époque.
Il fut pourtant un temps où l'athlétisme était le sport n°1. Et le néo-zélandais Peter Snell, avec d'autres géants de la discipline, incarnait ces années-là.
Après avoir tâté du cricket, du rugby et du fouteballe australien, le jeune Snell se tourne tardivement vers l'athlétisme (19 ans) ; sous la houlette de l'exceptionnel entraîneur Arthur Lydiard, sa progression est alors fulgurante. La méthode Marathon Training System préconisée par le coach est révolutionnaire pour un athlète pratiquant le demi-fond court : grosse charge de foncier durant une longue préparation initiale (160 km/semaine !) et travail de vitesse en phase de préparation finale à l'approche des compétitions.
Malgré la lourde carcasse de Peter Snell (1 m 83 pour 80 kg !), cet entraînement très rude portera ses fruits. Arrivé incognito aux JO de Rome (1960),
il devient champion olympique sur 800 m, grâce à un finish ébouriffant, devant le belge Roger Moens, archi-favori.
Quatre ans plus tard, au sommet de son art, Peter Snell réalise le spectaculaire et rare doublé 800 m/1 500 m aux JO de Tokyo. Le Graal athlétique.
Mais son Nirvana, le néo-zélandais l'atteindra en 1962 avec
un magique record du monde du 800 m et un chrono de 1'44"3...sur une piste en herbe. Cette performance, 57 ans plus tard, est toujours record national. Pour information, la meilleure réalisation française 2019 sur la distance pointe à 1'45"07"...
Avec la disparition de Peter Snell, c'est presque toute une époque bénie de la course à pied qui tire sa révérence. Sûr qu'au Paradis des coureurs, son pote australien Ron Clarke lui aura réservé le meilleur accueil. Bonne bourre, les gars !