L'Histoire a retenu que le mur des 4' sur le mile (1 609 m) est tombé au printemps 1954 sur la piste en cendrée du stade d'Oxford. C'était très précisément le 6 mai et l'athlète qui avait gravi cet Everest de l'athlétisme se nommait Roger Bannister.
Le mile, distance typiquement britannique, vient presque de la nuit des temps, et est couru en Grande-Bretagne depuis le XVIIIème siècle. Encore aujourd'hui, le 1 500 m, pourtant distance de référence internationale en demi-fond, est encore considéré par les athlètes d'Outre-Manche comme un mile au rabais. Un mile métrique qui donne des envies de Brexit !
Dès 1923, le record du monde du mile pointe à 4'10". Les années 30 le voient descendre à 4'06". A la fin de l'année 1945, les 1 609 m sont courus en 4'01". Le Nirvana athlétique est à quelques foulées et pourtant ce seuil de 4' paraît insurmontable.
"C'était comme le fait de marcher un jour sur la Lune. On ne se demandait pas quand ce serait fait mais si c'était seulement raisonnable de l'envisager" dira bien plus tard Sebastian Coe, double champion olympique de 1 500 m en 1980 et 1984 et actuellement président de l'IAAF (fédé internationale d'athlétisme).
Puis arriva Roger Bannister. Un athlète qui puisa sa volonté dans son échec aux JO de 1952 où il se classa 4ème sur le 1 500 m. Ce 6 mai 1954, il faisait voler en éclats une barrière annoncée comme infranchissable, emmené par les lièvres de luxe Chris Brasher (inventeur du marathon de Londres en 1981) et Chris Chataway (alors recordman du monde du 5 000 m).
A l'arrivée, 3'59"4, soit 24 km/h. L'exploit est tel que la séance de la Chambre des Communes (l'équivalent de notre Assemblée Nationale) est interrompue par Winston Churchill himself pour être annoncé !
Celui qui avait été anobli par la Reine en 1975 pour devenir Sir Bannister est parti rejoindre le Paradis des Coureurs ce samedi 3/03 à l'âge de 88 ans.
Depuis plus de 60 ans, 1 300 coureurs sont descendus sous les 4'. Mais Roger Bannister aura à jamais été le premier.