Pour cet évènement, clin d'oeil obligatoire à Joaquim Cruz, coureur brésilien légendaire qui se permit le luxe de sortir l'athlétisme de l'anonymat dans un pays où le ballon rond est roi. Qui se souvient que le champion olympique du 800 m de 1984 (Los Angeles) a griffé de sa foulée majestueuse la piste du stade de Baduel (devenu, depuis, stade Georges Chaumet en mémoire de l'initiateur de la ligue d'athlétisme guyanaise en 1963) en 1981 à l'occasion de la seconde édition des Jeux de Guyane initiés 2 ans plus tôt par notre sénateur Antoine Karam (alias Toto pour les intimes) alors tout jeune président de la ligue d'athlétisme de Guyane ? Novateur et sportif convaincu, Toto lance, en 1979, l'éphémère mais fantastique aventure des Jeux de Guyane. Le bonhomme est convaincu que la Guyane doit se doter d'une compétition de haut niveau pour voir le sport olympique n° 1 décoller localement. La piste d'athlétisme du stade de Baduel (en synthétique à partir de 1984) verra une kyrielle de cadors fouler l'anneau de 400 m. Mais le grand coup restera la venue du brésilien Cruz en 1981. Alors recordman du monde junior sur le 800 m (1'44"3), celui qui allait devenir le Pelé de la course à pied éclaboussera de sa classe la miteuse piste encore en cendrée de Cayenne. Ceux qui ont eu la chance d'assister à l'évènement en gardent, plus de 35 ans après, un souvenir extraordinaire. Avant son titre olympique de 1984, le brésilien se fait déjà remarquer, en 1983, à l'occasion des 1er Championnats du Monde d'athlétisme. Médaille de bronze avec une course de cinglé menée en tête et les tripes à l'air. Le bougre a tout juste 20 ans. Après un exil d'une année aux USA afin de s'astreindre à un entraînement intensif (dans l'Oregon, patrie de Nike quand même !), le brésilien est prêt à défier l'Histoire. Définitivement, la nonchalance, le samba, le futbol, la caïpirinha et le farniente ne font pas bon ménage avec une préparation olympique digne de ce nom. En 1984, outre
son titre aux JO de Los Angeles (1’43’’00), Joaquim Cruz réalisera une série époustouflante sur le double tour de piste pour les seuls meetings du mois d'août : 1'42"34 à Zurich (le 22), 1'42"41 à Bruxelles (le 24) et 1'41"77 à Cologne (le 26, il frôle le record du monde de l'époque, 1'41"73). Soit 3 chronos décapants en tout juste 4 jours ! Performance jamais égalée ! En France, on a toujours la mauvaise habitude de préserver les coureurs et de leur faire faire le minimum de courses pour arriver, soi-disant, en forme pour les grands évènements. La réalité est cependant que rien ne remplace la compétition.