Créés en 1983 (première édition à Helsinki), les Mondiaux d’athlétisme avaient, à l’origine, vocation à désigner un véritable champion du monde par discipline ; jusqu’à cette date, c’est le champion olympique qui avait ce rang tout symbolique de maître du monde.
Programmés tous les 4 ans et sur l’année pré-olympique, ces championnats devinrent, dès 1991, biennales (tous les 2 ans, quoi !) et cela contre l’avis des athlètes qui menacèrent de ne pas se rendre aux épreuves de 1993. Peine perdue car le business, le mercantilisme et le gigantisme gagnèrent finalement la partie. Et tant pis si les cadences infernales contribuent, depuis, à la prolifération incontrôlable du dopage.
Avec Londres comme décor, ce sera l’occasion de revenir sur l’histoire des Jeux Olympiques (JO) et de l’athlétisme en particulier.
L’édition des JO de 1908 dans la capitale de ce qui était alors l’Empire britannique – celui où le soleil ne se couchait jamais !- est un moment fédérateur de l’olympisme.
Pour la première fois, le début des épreuves sera précédé d’un défilé de toutes les délégations nationales participant à l’événement. La cérémonie de remise des médailles d’or/argent/bronze aux 3 lauréats de chaque discipline sera également initiée lors de ces 4ème JO de l’Ere Moderne (pour mémoire, la dernière édition des JO Antiques était datée de 393 après JC).
La fameuse distance de 42,195 km pour le marathon date également de ces JO. Enterrant une bonne fois pour toute l’hypothèse qu’elle aurait été celle entre le village de Marathon et la ville d’Athènes en Grèce (environ 40 km dans la réalité). La vérité c’est que cédant aux exigences du roi Edouard VII , le départ du marathon fut donné du château de Windsor pour une arrivée jugée devant la loge royale de stade olympique de Shepherd's Bush, soit 26 miles et 385 yards, soit 42,195 km ; la distance sera retenue officiellement par l’IAAF (fédération internationale d’athlétisme) en 1921.
Le stade a depuis été rasé (snif !) et le site accueille désormais un ensemble de bureaux ultra-modernes…Anecdotique : le stade original avait la particularité d’être multifonction. D’une capacité de 70 000 spectateurs, il était doté d’une piste cycliste d’une distance de 666 m à l’intérieur de laquelle se trouvait la piste d’athlétisme (536 m, soit 1/3 mile). Au centre, une piscine avec plongeoir !
Ce marathon olympique de 1908 (200 000 spectateurs dans les rues !) connu un épilogue épique. A 10 km de l’arrivée, le sud-africain Charles Hefferon compte 4’ d’avance sur Dorando Pietri (Italie) et 6’ sur le yankee John Hayes. A 5 km du but, le petit italien le rejoint au prix d’un terrible effort. Seul à 3 km de la consécration suprême, il accélère encore et accentue son avance sur ses poursuivants. Mais à quel prix. A l’entrée du stade, Dorando Pietri est dans un piteux état*. Il prend la piste en contresens, s’effondre. Il lui reste moins de 200 m à parcourir. Il se relève, repart pour retomber à nouveau. Et cela plusieurs fois. Le public est en transe, comme devenu subitement fou. Tous ceux qui sont sur la piste (médecins et officiels) soutiennent Dorando Pietri pour franchir la ligne d’arrivée. 34 secondes plus tard John Hayes est pointé à la seconde place…sans l’aide de personne. Réclamation des Etats-Unis, disqualification de l’italien et victoire de l’américain. Ayant pris fait et cause pour Pietri, les tribunes grondèrent lorsque Hayes fit son tour d’honneur. Le lendemain, dernier jour des JO, la foule fit un triomphe à Dorando Pietri auquel la reine remit une coupe en témoignage de sa considération.
Aujourd’hui encore, cet italien-là demeure le plus célèbre vaincu des JO !!!
Bonne dizaine d'athlétisme à vous tous.
*plus tard, différents témoignages concordèrent pour affirmer que Dorando Pietri s'était dopé à l'atropine et la strychnine ; ceci explique