Le 19, Michel Colucci alias Coluche se vautre salement et définitivement en motocyclette sur une route des Alpes-Maritimes. Un gars de sa trempe aurait, aujourd'hui, mis la honte à tous nos politicards vermoulus. Le 21, l'équipe de France de fouteballe, emmenée par un Michel Platini pas encore gangréné par des histoires de gros sous, sort la Seleçao du Brésil en quart de finale de la Coupe du Monde.
En Guyane, le calendrier des courses hors stade est moins épais qu'un sandwich SNCF avant l'apogée du TGV. Les épreuves se nomment Tour de Suzini, Relais des Plages, Semi de Cayenne, Mémorial Monnely, Cross du Rorota ou encore Rochambeau/Cayenne. Seule cette dernière survivra au 20ème siècle.
Les clubs leaders sont le Club Colonial et le Sport Guyanais. Le cador du peloton a pour nom
José Gabaly, il est militaire au 3ème RSMA et il a la particularité de courir pieds nus. L'immense majorité des coureurs locaux contemporains ignorent jusqu'à l'existence de ce coureur redoutable...
A Kourou, sous l'impulsion d'un jeune colonel élancé et adepte de course à pied, le 3ème REI organise son premier 20 km. La course optera, par la suite, pour un format 21,1 km et deviendra pour tout le monde, familièrement, le semi de la Légion.
Le départ est donné sur une zone herbeuse, pas encore urbanisée en ce temps-là, à proximité de la Pointe des Roches. Et l'arrivée jugée devant la mairie de Kourou avec fanfare militaire pour les meilleurs. Bien évidemment, le parcours n'a pas eu le privilège d'une mesure officielle (la procédure Jones, toujours en vigueur aujourd'hui, ne sera appliquée et reconnue définitivement qu'à partir de 1989) et c'est au moyen d'une bonne vieille jeep rescapée du Débarquement du 06/06/44 que le mesurage est effectué. Alors 20 km ou pas 20 km précisément ? Les chipoteurs ont toujours polémiqué en affirmant qu'avec un véhicule motorisé la distance mesurée était toujours trop courte...A vérifier, non ? Pourquoi la distance n'aurait-elle pas été plus longue ?
Finalement, 200 hectomètres ou pas (tout le monde, alors, s'en fichait royalement), la victoire reviendra à l'inévitable José Gabaly (1 h 06'14") devant William Esparon (1 h 06'15") et Georges Lermain (1 h 07'19"). Survivants de cette course-là, Patrick Clausse et Stéphane Piquemal, désormais sous les couleurs d'un TAC né en 1991, font toujours du rab dans la catégorie V2H...
Juin 1986...Le temps des dinosaures d'un autre âge...