Dernier tour de piste pour Ron Clarke...
Reine de l'Océanie, l'Australie représente, pour la majorité d'entre-nous, un pays très éloigné synonyme de kangourous, koalas, Opéra de Sydney, surfeurs et aborigènes (à ne pas confondre avec arborigènes, espèce très ancienne d'humanoïde qui passait son temps à grimper aux arbres...).
Loin de tous ces clichés, l'ancienne colonie anglaise a aussi enfanté, on l'oublie bien souvent, d'extraordinaires champions athlétiques. Et Ron Clarke était un de ceux-là.
Défricheur des pistes, le natif de Melbourne tient une place privilégiée dans l'évolution du fond. Durant les années 60, il donnera une dimension nouvelle à la discipline.
Passionné de crocket et de fouteballe australien, l'adolescent se fait également remarquer par des dons éclatants en course à pied. Dès 1956, il est recordman du monde junior sur mile. La même année, il est le dernier porteur de la flamme olympique des JO de Melbourne. Puis le jeune Ron Clarke se détourne de l'athlétisme pour se consacrer principalement à ses études. Il faudra attendre 5 longues années avant de le voir reprendre le chemin de l'entraînement et des pistes. Un retour comme un ouragan au coeur de la planète Running. Fabuleux coureur de train, il s'octroie son premier record du monde sur 10 000 m en 1963 (28'15"6), course sur laquelle il améliorera son vieux record perso de près d'une minute ! Il est alors naturellement désigné comme le grand favori des JO de Tokyo (1964) auxquels son manque de vitesse terminale le cantonnera à la 3ème place et sa médaille de bronze. Mais Ron Clarke n'était pas le genre de bonhomme à se résigner dans l'échec. L'année 1965 le voit réaliser son plus fameux exploit sur 10 000 m où il fait progresser son propre record du monde de plus de 30" (27'39"4 pour 28'14"). En prime, il est, ce jour-là, le premier athlète à couvrir la distance en moins de 28'. En 1966, c'est celui du 5 000 m qui tombe dans sa besace (13'16"6). Se profile alors les JO de Mexico (1968) et l'espoir de récolter, enfin, l'or olympique tant convoité. A 2 300 m d'altitude, il tente crânement sa chance sur 5 000 m et 10 000 m ; soit, à une époque où ces épreuves imposaient un tour qualificatif, 4 courses au carton en moins de 8 jours...Un défi insensé qui le verra finir, à chaque fois, sous une tente médicale avec le masque à oxygène. Ron Clarke découvrira, plus tard, que ces JO de Mexico avaient eu des effets dévastateurs sur sa santé puisqu'il devait vivre avec une pathologie cardiaque l'obligeant à traitement médical quotidien. Il dira définitivement adieu à l'athlétisme en 1970 sans jamais avoir été champion olympique...
Que reste-t-il, aujourd'hui, des 23 records du monde de Ron Clarke (!) qui noircirent les pages de milliers de tonnes de journaux (du 2 miles à l'heure) ? L'image d'un coureur de train redoutable qui semblait enfiler les records avec monotonie. Modeste et simple, il reconnaissait ne pas connaître cet instinct de tueur qui aurait pu faire de lui le plus grand coureur de tous les temps. Athlète hors norme aux capacités exceptionnelles (28 pul/min au repos), gentleman des pistes reconnu pour son fair-play très british, il aura succédé, sur les listes des meilleures performances mondiales, aux nom et prénom des géants éternels de la course à pied.
Pour la petite histoire, le grand Emil Zatopek lui offrira une de ces 4 médailles d'or olympiques : "Prenez en soin, vous le méritez". La plus belle des récompenses et des reconnaissances.
Ce mercredi 17/06/15, une stupide insuffisance rénale a eu raison de ce mythe de l'athlétisme. Ron Clarke avait 78 ans. Salut champion ! Au Paradis des coureurs à pied, tu vas retrouver tous ceux qui ont fait la légende de ce sport.
Une légende a tiré sa révérence.